Hemingway Special

Un Hemingway daiquiri, une variante de daiquiri pauvre en sucre, car l'écrivain ne le supportait pas

Hemingway Special

Molotov Gourmet
4.91 from 11 votes
Temps de préparation 3 minutes
Type de plat Drinks
Portions 1 verre

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Ingrédients

Instructions
 

  • Verser les ingrédients dans la base du shaker
  • Remplir la base de glaçons
  • Fermer le shaker d'un coup sec, et agiter nerveusement pendant plusieurs secondes
  • Filtrer dans une coupette, ou à défaut un verre à martini, préalablement refroidi
  • Garnir d'une rondelle de citron

Notes

Crédits photo : Certains droits réservés par Tom Coates
Keyword cocktail, sour
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Daiquiri ou pas Daiquiri ?

Une chatte n’y retrouverait pas ses petits ! Il y a tellement de variantes de Daiquiri, des numérotées, des pas numérotées, avec ou sans pamplemousse, avec ou sans marasquin … Mais au fait c’est aussi celui-là qui a valu à Hemingway le surnom de Papa Doble à Cuba ?

Bref, entre un des cocktails les plus connus de l’histoire, et une personnalité historique aussi liée à l’histoire des cocktails qu’Hemingway, il n’est pas étonnant que tout ça se mélange, et qu’à la fin on ne s’y retrouve plus. Car qui dit cocktail historique dit cocktail copié, cocktail modifié, cocktail revendiqué, bref chacun veut y laisser sa marque.

Alors d’où il vient ce Hemingway Special ?

L'enseigne de la Floridita à Cuba, le berceau du Daiquiri
L’enseigne de la Floridita à Cuba, le berceau du Daiquiri

L’histoire complexe du Hemingway Special

Qui dit histoire du cocktail dit souvent Wondrich, mais cette fois-ci c’est ce bon Ted Haigh, auteur de Vintage Spirits and Forgotten Cocktails, qui va nous permettre de démêler les nœuds de cette histoire.

Au commencent était le Verbe Daiquiri. Le seul, l’unique, le simple : du rhum, du citron (vert of course), du sucre. On en servait un très bon au La Florida Bar, à la Havane à Cuba. Le barman s’appelait Constante Ribalaigua. Les gens du coin surnommait le bar El Floridita comme on le fait de manière affective en français. Ernest Hemingway aimait boire des Daiquiri à la Floridita.

« Those are the facts » nous dit Ted Haigh. Après … ça se complique.

La disparition du sucre dans le Daiquiri

La première rencontre d’Hemingway avec le Daiquiri se serait déroulée ainsi : obligé de faire un pit stop, l’écrivain se serait arrêté à la Floridita. Bien entendu, il n’a pas pu résister à la tentation du cocktail emblématique de l’endroit. Après avoir bu son daiquiri, il aurait déclaré : « c’est très bon, mais ça serait meilleur sans le sucre et avec deux fois plus de rhum ! ». Ainsi serait né le surnom Papa Doble. Double dose de rhum, ça fait quand même 12 cl. Quand on sait qu’Hemingway prétend en avoir bu 17 en une journée (sans ressentir de gueule de bois soi-disant), on prend toute la mesure du petit problème d’Hemingway avec l’alcool …

Bref, ce cocktail-là, qu’Hemingway buvait apparemment frozen (ie préparé au blender), n’est pas celui qui est décrit en tête de cette article. Mais il n’a pas de sucre, ce qui est un point de départ !

When life gives you limón …

Trader Vic, à qui l’on doit notamment le Mai Tai, listait dans son manuel de cocktails 4 versions de La Florida Daiquiri. Le numéro 3 de cette liste contenait du pamplemousse ! Il est à noter une petite cocasserie dans cette édition : la recette des Daiquiri y requiert du citron jaune (lemon en anglais) à cause d’une erreur de traduction de limón verde (probablement à cause de la ressemblance entre limón et lemon, alors que l’anglais parle de lime pour le citron vert).

Des Daiquiri, du pamplemousse, pas de sucre, mais un cocktail qui ne porte toujours pas le nom de l’illustre écrivain. En 1934, le guide des cocktails de La Florida contenait 4 recettes de Daiquiri. En 1939, il y en avait 5, plus un autre cocktail appelé M. Henminway Special, faute d’orthographe incluse ! Il s’agissait de la recette numéro 3, mais préparée au blender.

Comment le marasquin est arrivé dans la recette, je ne le sais pas, mais d’autres variantes numérotées de Daiquiri en contiennent. En tant que grand adorateur de cette liqueur, je valide totalement cet ajout, qui transforme un Daiquiri. Toujours est-il que nous avons enfin une histoire un peu plus claire du Hemingway Special, que l’on trouve parfois aussi sous le nom de Hemingway Daiquiri.

Crédits photo : Certains droits réservés par Linus Henning, certains droits réservés par simone.brunozzi