Tasting Notes : Talisker Storm

Salut à tous ! Pour cet article, point de Jack Da, point de Coca, sortez votre plus beau verre tulipe. Vous êtes prêts ? On est parti.

 

 

Talisker est l’une de mes distilleries préférées, considérée comme l’une des meilleures d’Ecosse. Vous ne me croyez pas ? Goûtez la version 18 ans, élue meilleur single malt du monde en 2007. Un certain Serge Valentin, goûteur français éminent, l’a située dans son top 6 parmi plus de 100 distilleries. Non, Talisker n’est pas situé sur l’île d’Islay, mais sur l’île de Skye aux coordonnées GPS 57° Nord. La distillerie a été rachetée par Guinness en 1986 et est désormais la propriété de Diageo dans la série « Classic Malts ». Talisker a changé son étiquette traditionnelle que j’aimais tant pour une étiquette « stylisée » pas du plus bon goût (oui je suis vieux jeu et conservateur). Désormais, Talisker sort un nouveau whisky sobrement baptisé Storm. Qu’en est-il ?

 

L'ancienne étiquette à gauche. Bouuuuh la nouvelle !

 

Storm est un whisky sans âge mentionné tel que le 57° North, version moins réduite du Talisker titrant 57° en hommage à la localisation de la distillerie. Le 175th Anniversary et le Talisker Distillers Edition sont du même type, dont les années de mise en fût et de mise en bouteille varient selon la série pour ce dernier.
 
Voici ce que dit le communiqué de presse de Diageo : « The recently launched Talisker Storm innovation, a more intense expression of a famously intense whisky ».
 
Pour ceux qui suite à la lecture de cette phrase ressentent le besoin soudain d’aller faire un tour chez Wall Street English, Talisker 10 ans est réputé puissant, iodé, épicé, donc, avec le Storm, on va en prendre plein la tronche ! Cela tombe bien, on est là pour ça.
 
On apprend également que les ventes globales de Talisker ont augmenté de 30 % avec l’arrivée du Talisker Storm. S’il semble être un succès commercial, que vaut-il vraiment au palais ?
 

Dégustation :
 
Nez : L’iode et le côté marin prennent le pas, chose classique chez Talisker. En arrière-plan, un côté fumé apparaît.
Bouche : Vif, on retrouve les épices bien présentes dans le Talisker 10. Un côté fruits secs se dévoile ensuite. Bien entendu, le côté salin et la fumée sont présents tout du long.
Finale : Longue, sur les agrumes confits (ces arômes sont accentués sur le plus rond Talisker 18 ans), l’iode et la fumée durent et durent…
Note : 4,5/5, j’ai du mal à être objectif concernant Talisker. Je ne peux même pas dire que je préfère la version 18 ans. Les deux sont de très bons whiskies qui se complètent. Le côté rond, policé et fruits confits du 18 ans, sans pour autant omettre l’iode, quand la fougue du Storm va mettre plus en retrait les fruits secs et agrumes. La version 10 ans est une valeur sûre également, moins intense que le Storm, légèrement moins chère.

 
Quoi de mieux que de goûter ce whisky en l’incorporant dans un cocktail néoclassique très réussi, le Penicillin ? Je ne m’étendrai pas sur ce cocktail (bien qu’il le mérite), je préfère en laisser le soin à notre camarade de Bottoms Up. Pour les flemmards (on commence à vous connaître), voici quand même la recette :

 

Penicillin

  • 5 cl de scotch
  • 2 cl de jus de citron
  • 1 cl de sirop de miel
  • 1 cl de jus de gingembre sucré
  • 0.75 cl de whisky d’Islay

 

On verse le tout dans un shaker, on agite bien et on sert sur de gros cubes de glace dans un verre Old-Fashioned.

Le côté iodé qui est la marque de fabrique de Talisker viendra s’ajouter à la fumée, recherchée sur ce cocktail. Le Penicillin est un cocktail particulièrement épicé grâce à son jus de gingembre. Les épices du Talisker devraient accentuer cette facette.
 
Une personne qui prend à cœur sa profession, et que j’aurai le plaisir d’interviewer dans un prochain article, m’a un jour dit que Talisker entrait dans la composition du Johnnie Walker Black Label. C’est pour cette raison que j’utiliserai le Chivas 12 ans, n’ayant rien de mieux sous la main. Je conseille néanmoins le Great King Street qui est un très bon blend.

 

Verdict : Oh shit ! it’s a bit STRONG ! Une finale à 100% sur les épices, on en oublierait presque la fumée, subtile ici. Un Penicillin peut-être trop dans le piquant, le Talisker va dans le sens du gingembre et met de côté la fumée lointaine qui apparaissait plus clairement lors de la dégustation du spiritueux simple. La complexité des agrumes confits est ici à mon sens écrasée par la force du gingembre. Cela correspond à ce qui a été mentionné précédemment, le côté corsé est accentué, mais la fumée qui faisait une partie du charme du Penicillin disparait quasiment. C’est pour cela que je ne préconise pas l’usage d’un whisky Talisker lors de l’assemblage de ce cocktail… mieux vaut choisir un whisky avec une tourbe bien plus prononcée. De ce fait, celle-ci accompagnera le gingembre dignement. Entendez par-là qu’il sera souhaitable de prendre un Lagavulin, Laphroaig ou même Ardbeg pour ce Penicillin.

 

En conclusion : pour ma part, le Talisker Storm est une réussite, à déguster simplement sans ajout, si possible à température ambiante et sans glace (mais on y reviendra).
Par ailleurs, si vous avez des cocktails à nous conseiller qui pourraient bien se marier avec la gamme Talisker, nous sommes à l’écoute.

 

Et dire que pour seulement 2 à 3 mauvaises bouteilles de JB, vous avez une bonne bouteille de Talisker Storm… Mais en m’adressant au public de Cocktail Molotov je pense prêcher un converti.