Un nouveau bar à Paris : Le Shake n’ Smash

87 rue de Turbigo, 75003 Paris

 

Nous avons été invités – ainsi que d’autres blogueurs influents 😉 – à venir déguster les cocktails du récemment ouvert Shake n’Smash, qui vient enrichir encore l’offre de bars à cocktails dans le coin de République, après la Candelaria, le Coq ou le Little Red Door. Vous savez qu’on aime bien boire (et surtout boire bien) aussi du côté de Denfert-Rochereau ?

 

Enfin, s’il y en a bien un qui n’y est pour rien dans cette concentration de bars à cocktails, c’est Jérôme : sa famille possède l’établissement depuis 1923 ! Cela faisait déjà deux ans qu’il avait aménagé un petit coin cocktail dans le restaurant corse de ses parents, et quand ceux-ci ont décidé de prendre leur retraite, l’endroit est devenu à 100 % dédié aux mélanges. Jérôme est un autodidacte du cocktail, il a commencé en travaillant dans des bars en Australie, et a continué à son retour en France, notamment au Mama Shelter.

 

Love Hina Cocktail au Shake n'Smash

 

Les mélanges justement, parlons-en. Pour l’occasion, l’équipe nous a préparé une sélection de cocktail, avec le verre tel que présenté au client, et un petit shooter de cocktail pour la dégustation. C’est une excellente idée, j’ai donc pu goûter plusieurs cocktails sans mettre mon foie en danger. Merci ! Notamment celui que vous voyez juste au-dessus, le Love Hina, servi sur une page du manga éponyme. Ils m’ont pris par les sentiments pour commencer, parce que j’adore le sureau et la rose. Autant je pense que le St-Germain peut se passer du côté litchi qu’on peut ressentir, autant il était bienvenu avec le sirop de rose : il ne manquait qu’un peu de framboise pour recréer un le trio magique de l’Ispahan de Pierre Hermé.
La carte du Shake n'Smash (partie 1)
Pour ce qui est des autres cocktails, j’ai bien apprécié aussi « In Bacchus We Trust », très long en bouche, le sirop de vin rouge apportant une touche un peu tannique, et se mariant très bien avec le cognac. Les filles (ou les hommes qui assument leur part de féminité) s’essaieront au Dernier Métro, qui a essentiellement un goût de framboise relevé d’une pointe de gingembre pour ajouter un peu de punch. Dans l’ensemble les cocktails sont bien pensés et bien réalisés, et Jérôme est assisté dans cela par Kévin, un ancien du Fouquet’s et de la Closerie des Lilas. Si je devais quand même trouver quelques défauts, je dirais que j’ai trouvé le Green Sazerac un poil trop sec (en revanche la gelée de Chartreuse qui l’accompagné est une très bonne idée), et j’ai été déçu par l’Education Sentimentale, qui m’avait pourtant vendu du rêve sur le papier : on partait sur un hommage à la région de Flaubert, avec le calvados et le cidre, mais au final c’est le sirop de miel de châtaigner qui domine. Je me voyais plus dans mes Cévennes natales qu’en Normandie.

 

La carte du Shake n'Smash (Partie 2)

 

Le deuxième point important à souligner, c’est la qualité de la présentation et des garnish. Sans atteindre la grandiloquence des garnishes du Nightjar à Londres (mais est-on obligé d’en arriver jusque-là ?), on appréciera l’attention particulière qui a été apportée à la décoration des cocktails : zeste d »orange enroulé sur tout le verre, verre servi couché sur un lit de glaçons etc.
Matez-moi ce garnish !
Enfin je garde le meilleur pour la fin : la cuisine. C’était un restaurant avant d’être un bar, je vous l’ai dit (mais si rappelez-vous, enfin, c’est pas sorcier !), ils sont très bien équipés pour nous mijoter quelques petits accompagnements, et je dois dire qu’on n’a pas été déçu de ce côté-là : foie gras sur toast de pain d’épice, cannelloni chèvre-épinard, saucisson de canard, figatellu grillé, tout était véritablement excellent. Entre deux shots de dégustation de cocktail, c’était un vrai régal. Ce qui me fait regretter d’autant plus que l’harmonie entre certains de ces snacks et les cocktails ne soit pas plus mise en avant, en indiquant par exemple quel cocktail est recommandé pour tel plat (ou inversement).

 

Pour conclure, je dirais que le Shake n’Smash est au niveau de ce qui se fait aujourd’hui en matière de bar à cocktails à Paris. Ils ont un gros plus par rapport à la concurrence au niveau de l’intégration de la cuisine, et je pense que c’est vraiment là-dessus qu’ils peuvent faire la différence. J’avais moins cette sensation d’être dans un nouveau bar du microcosme de la mixologie parisienne, j’essaierai de confirmer cette impression par une deuxième visite. Mais ça pourrait être une occasion d’intéresser un nouveau public au cocktail. Affaire à suivre.

 

PS : c’est un très bel endroit, hauteur sous plafond, grands miroirs, espace privatisable … mais je ne vous en dis pas plus sur le détail qui tue de la déco, pour vous laisser la surprise quand vous irez y faire un tour.