Le rhum pour 2016 – Nos trouvailles du rhum fest

Gage du succès croissant du salon, le Rhum Fest s’agrandit cette année et la journée pro trouve de plus en plus de public. Preuve que le rhum a le vent en poupe et c’est une bonne chose !

One more time
One more time

Ici les grandes maisons côtoient les petites, la tradition se lie à la modernité, parfois même chez le même producteur, symbole d’écoute du marché de la part de celui-ci. Bon nombre de marques sortent leur spiced rum. Le virage Cocktail est définitivement en marche et ça se sent dans les nouveaux produits.

TL; DR : C’était bien ! OUAISSSSS §§§§

Bien entendu, tout n’a pas été dégusté et l’engagement de l’équipe CocktailMolotov n’a qu’une tenue de l’alcool limitée ! Et ce malgré les crachoirs présents sur les stands (bon point).

Également, et vous le retrouverez à travers l’article, au bout d’une vingtaine de rhums (et même avant) la bouche devient saturée et il est de plus en plus difficile de percevoir les nuances d’arômes…

On attaque sur les chapeaux de roues avec un stand tenu par La Confrérie du Rhum, groupe Facebook qui ne cesse de croître et qui sert de forum à plus d’une dizaine de milliers de membres.

Un stand melting pot qui regroupe des rhums de toutes les ethnies.

On commence par un petit Langueteau Grande réserve 2004/2012 qui titre 42%: Beau jus, belle attaque, mais le petit Langueteau s’effrondre dans la surface avant de tirer au but, la finale est trop courte, le rhum est trop réduit…

On passe par les Abuelo 15 ans, nouveaux produits de la marque, nommés Oloroso, Tawny & Napoleon. Ils sont réussis avec une influence bien marquée des fûts utilisés pour chaque produit. Des rhums assez doux cependant.

Abuelo XV 2cc

La confrérie du rhum a travaillé avec HSE, Habitation Saint-Etienne, rhum de Martinique, pour obtenir une série spéciale Confrérie, cela donne un rhum à la force du fût 52,5%, 8 ans d’age. L’influence du bourbon est très marquée, on garde cependant un côté gras, beurré, une suavité qui fait penser à du beurre de cacao, la noix de coco est également présente. L’attaque est épicée.

Notre coup de cœur du salon est très certainement le Matugga, mélasses qui proviennent d’Ouganda, distillé en Angleterre. Dans la lignée d’un rhum de Trinité croisé avec un jamaïcain et un guyanais (coté UK). On a l’impression de manger des pommes de terre sautées à l’ail, bien cuites limite carbonisées. Des notes de pétrole et de pneu brûlé s’en échappent également. A ne pas mettre entre toutes les mains, mais c’est ma bonne surprise du salon ! Un peu moins convaincu par le Spiced Rum qui garde le caractère Matugga mais qui présente peu d’intérêt supplémentaire

Photo prise au salon... oui oui.
Photo prise au salon… oui oui.

On passe par la Compagnie des Indes et ce cher Florent Beuchet dont le stand semble être victime de son succès, beaucoup de nouveaux produits à découvrir mais probablement l’un des stands les plus populaires du salon avec celui de Plantation ou encore Habitation Velier.

Nous ne découvrirons que Tricorne sur le salon, seul rhum blanc de la Compagnie des Indes, assemblage subtil de rhum de vésou, dit rhum agricole, de rhum de mélasse, dit rhum traditionnel et enfin d’Arrack. Les saveurs de chaque type de rhum sont bien présentes et il est aisé de décomposer le spectre et de les retrouver. Fruits exotiques, papaye et passion, arômes de pneu. Un poil trop réduit à mon goût puisqu’il titre 43% et qu’il manque un peu de longueur en bouche.

Etiquette très réussie !
Etiquette très réussie !

On passe par le stand Plantation qui ont un nouveau batch de Plantation Pineapple, sur une base d’Original Dark et infusé avec des ananas victoria (petit et sucré), 7 kilos d’ananas infusent dans 100 litres de rhum environ. L’ananas y est plus présent que sur l’un des batches précédents et c’est une bonne chose. Je goute ensuite mon petit péché mignon: Sainte Lucie 2004, plus corpulent et épicé que le 2003, cela est dû à l’assemblage réalisé par Alexandre Gabriel, directeur et maître de chai de la maison Cognac Ferrand, créateur de la marque Plantation.

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On écrira un article à propos de la Masterclass d’Alexandre Gabriel, qui est toujours de haut vol.

A l’attaque de la Réunion avec Savanna, qui ne cesse de nous convaincre avec ses rhums traditionnels et agricole (mélasse et vésou). On prend tout de suite une claque avec le Savanna Lontan, rhum grand arôme, et son parfum intense de tapenade d’olives noires, ses notes méditerranéennes, ce côté fruit mûr !

On passe par le rhum traditionnel 5 ans vieilli en fût de Cognac, l’influence de ce spiritueux de métropole se sent à l’attaque avec des notes vineuses très présentes, le rhum est assez sec avec un joli boisé, des épices…

Le 6 ans cette fois est agricole, fût de cognac puis les 6 derniers mois en fût de calvados. Une grande fraîcheur s’en dégage, avec un côté pomme confite très agréable.

Une vraie peau de chagrin
Une vraie peau de chagrin

On passe au voisin avec un Charrette vanillé, qui titre 40%. Le rhum est liquoreux comme il faut, une gousse de vanille trône dans la bouteille. Un parfum assez subtil mais néanmoins bien présent de vanille bourbon nous accompagne tout au long de la dégustation. La finale est assez longue, un produit vraiment réussi.

3 rivières for the win !

Une année de plus, Daniel, le maître de chai, a fait le déplacement.

On commence une nouvelle fois par la cuvée de l’océan, très minéral au nez, salin. Très différent du rhum blanc standard, à avoir dans son bar !

On passe au 2006 Cask Strength, qui profite d’une belle attaque explosive et d’un feu maitrisé.

On termine par le 1999 qui est assez typique des rhums vieux agricoles avec beaucoup de tabac séché et de vanille, un côté vineux, probablement du fait du vieillissement en fût de cognac.

Bon, sur la photo, y en a aucun que j'ai goûté, mais je trouvais l'image cool...
Bon, sur la photo, y en a aucun que j’ai goûté, mais je trouvais l’image cool…

On fait marche arrière et on se dirige sur les terres du Danemark avec un nouvel embouteilleur qui fête ses 1 an. EKTE de son nom, l’équipe achète son rhum en vrac et l’embouteille comme bon lui semble. Cela donne des rhums de qualité, définis par le propriétaire comme geeky, dédiés aux rhum geeks !

Ekte_logo

Deux gammes chez Ekte, celle des blend, reconnaissable par des initiales pour chaque produit de la catégorie: S.R pour Spiced Rum, P.G pour Pungeant & Geeky. Les rhums sont réduits à entre 38% et 47%, pour un prix public qui tourne autour de 50€. Ces rhums sont assemblés en Espagne.

On attaque la seconde gamme d’Ekte, qui ne plaisante pas, le prix en témoigne, entre 100 et 240€.

Rhums mono fût embouteillés à la force du fût, ce qui témoigne d’une volonté de positionnement haut de gamme de la part de l’embouteilleur.

Vieillissement de 5 à 7 ans dans les tropiques, le reste sur le vieux continent.

Numero Uno, Panama 11ans 63,1% : Caramel, attaque franche, délicatesse sur la finale.

Numero Tres, Nicaragua 15ans 68,6%: Un côté vineux, ca sent la cave à vin, très/trop? puissant obviously

Numero Quatro, Jamaica 15ans 61,4%: Pneu brulé, banane flambée, jusque là rien de nouveau sous le soleil. Des fruits frais apparaissent également

Et le numéro complémentaire Numero Cinqo,  Uitvlugt 17ans 62,8%: J’ai noté sur mon carnet « Pneu à mort », faudra vous en contenter mais je pense que c’est suffisamment explicite !

Photo du rhum fest 2016, prise par nous... NOT !
Photo du rhum fest 2016, prise par nous… NOT !

On terminera par Bielle, proche de la sortie (Don’t feed the troll)

Rhum de Marie Galante, le blanc est haut de gamme, distribué dans nos contrées à un titrage de 59%.

Une chose est sûre, on retrouve dans chacun des vieux rhums Bielle, l’expression « Bielle », les arômes du blanc. Le vieillissement apporte de la finesse et des arômes supplémentaires.

C’est une bonne chose car toutes les distilleries ne conservent pas leurs arômes caractéristiques lors du vieillissement de leurs rhums.

Le 2007 titre 57% et est épicé. Le 2006-2011 est tout en finesse.

En conclusion, le rhum fest était comme chaque année un salon rythmé qu’il est bien de faire sur plusieurs jours, si le cœur vous en dit. Cela vous laisse le temps d’échanger quelques mots avec les nombreux maîtres de chai qui ont fait le déplacement spécialement pour l’événement. Les conférences valent la peine de sacrifier une heure de batifolage de stand en stand et ainsi de laisser un peu de répit à vos papilles brulées et à votre esprit déjà brumeux à 13h un dimanche.