Il y a quelques années maintenant, quand on a lancé ce blog, je ne m’intéressais absolument pas aux cocktails sans alcool. D’ailleurs à ce jour il n’y a pas de recettes de cocktails sans alcool sur le blog. Mais depuis, une nouvelle tendance a vu le jour : celle du spiritueux sans alcool. Et ça m’intéresse beaucoup plus !
Déjà, j’ai presque 10 ans de plus, et mon corps ne réagit plus de la même façon à l’alcool, pouvoir boire autant de cocktails mais moins d’alcool est donc devenu intéressant physiologiquement parlant. Mais même sans ça, je suis devenu un peu plus raisonnable avec l’âge !
Le gin sans alcool
Le premier spiritueux sans alcool dont j’ai entendu parler, c’est le gin. Et pour cause, je pense que c’est : 1) le plus simple à faire, 2) celui qui s’y prête le plus.
En effet, plus simple que le gin, il n’y a que la vodka. Mais la vodka sans alcool, ce n’est que de l’eau ! Pour le whisky, le rhum ou le cognac, il faudrait aussi simuler l’étape de vieillissement, ce qui est déjà plus technique, même si on a vu certains faire illusion avec des copeaux de bois un iSi charger.
Le gin sans alcool, j’ai pu en goûter un, JNPR. Ce qui est sûr, c’est que pur, vous ne pouvez pas être berné. Il manque le feu de l’alcool, le kick en anglais, le coup de pied en pleine tronche, vous savez ce petit truc qui vous fait avoir un mouvement incontrôlé quand vous buvez un shot de vodka. Ce truc-là n’y est pas. Tous les autres arômes qui proviennent des botaniques sont exacerbés. Je ne pense pas qu’il y en ait plus que dans un gin classique, c’est juste qu’habituellement ils ne sont que la petite musique derrière l’alcool. Là ils sont au premier plan, et ça surprend !
Du coup je ne recommande pas d’utiliser ces gins dans des cocktails qui font la par belle au gin comme un Dry Martini avec un ratio de 6 pour 1.
En revanche, dans des cocktails où le gin est plus discret, comme un Gin & Tonic ou même, oui oui oui, un Negroni, le JNPR fera le taff. Je me suis même carrément régalé avec un Gin Mule, où il a apporté une finale herbacée aux épices de la ginger beer (Fever Tree pour l’occasion).
Les vermouth sans alcool
J’ai découvert par hasard que Martini s’était lancé dans le vermouth sans alcool avec deux produits, le Vibrante (plutôt agrumes) et le Floreale (vous avez deviné).
J’ai été assez agréablement surpris par le résultat qui est très proche de l’original. En même temps dans un gin, vous devez compenser 40% d’alcool manquant, pour un vermouth c’est plutôt 15% Les mauvaises langues diront que c’est d’autant plus facile que Martini a baissé le degré d’alcool de ses produits il y a quelques temps pour des raisons bassement financières. Toujours est-il que ça se boit, et ça fait tout à fait l’affaire dans un cocktail.
Ça n’a l’air de rien, mais un Manhattan par exemple, préparé avec un vermouth sans alcool passerait de 31° à 26° (avant dilution). Un Americano passera de 10 à 6,5°. On passe d’un verre de vin à une bière par exemple ! Si vous ne savez pas calculer le degré alcoolique d’un cocktail, utilisez notre calculateur de degré alcoolique en ligne.
Les amers sans alcool
Ces produits existent depuis très longtemps, ils ne font pas partie de la nouvelle vague no-alcohol, mais je pense qu’ils pourraient pleinement en profiter ! Je pense notamment à ces petits bitters italiens vendus en packs de 6 bouteilles individuelles, comme le Venezio Bitter.
Et bien sachez qu’il suffit de leur additionner un peu de vermouth sans alcool et de l’eau gazeuse pour faire une alternative plus que décente au Spritz !
Low-alcohol ou Low-abv plutôt que No-alchohol
Si vous ne cherchez pas le zéro alcool à tout prix, alors je trouve que ces produits marchent mieux associés avec un produit classique. Par exemple un vrai gin avec un vermouth sans alcool, ou un vrai vermouth avec un gin sans alcool, donneront un meilleur résultat que le gin et le vermouth sans alcool ensemble.
Bien entendu, la réduction d’alcool est alors plus faible, mais par les chaleurs du moment, ou par une soirée arrosée, au final, les réductions s’ajoutent, et votre organisme de ne vous en sera que plus reconnaissant !
Végétarisme // No-alcohol
Pour conclure, je voudrais faire un petit parallèle entre le développement du végétarisme ou du véganisme. Je vois pas mal de points communs, notamment le fait qu’on oppose le plaisir d’un côté (un bon rhum ou un bon steak) à la responsabilité de l’autre (souffrance animale ou cause environnementale pour la viande, santé et sécurité pour l’alcool).
La pression est quand même moins forte sur l’alcool, parce que c’est ce que les Américains appellent un victimless crime : vous êtes la seule victime si vous vous enivrez un peu trop souvent (à condition bien sûr de ne pas prendre la voiture après, mais c’est encore un autre niveau de responsabilité). Je ne pense pas qu’on verra des cavistes subir les mésaventures de certains bouchers de sitôt.
Autre parallèle que je vois, et qui est la voie que je vois bien se développer pour la tendance sans alcool, c’est justement ce dont j’ai parlé plus haut : le low-alcohol. Ce serait pour moi l’équivalent du flexitarisme mais pour l’alcool : on fait un effort, même si on n’est pas près à franchir complètement le pas.
Et vous, comment vous situez-vous par rapport à cette tendance ? Je suis sûr qu’on va avoir une discussion passionnante dans les commentaires !