Cette semaine, je suis aux Etats-Unis, à South Lake Tahoe plus précisément, à la frontière entre le Nevada et la Californie, pour assister à une conférence internationale sur le machine learning, l’intelligence artificielle et la théorie de l’information. Dis comme ça, ça a l’air classe, mais c’est quand même un gros repaire de geeks (et j’ai peur d’en faire partie ^^). Heureusement, il y a un gros avantage (en plus de partir une semaine dans une station de ski), c’est que je me retrouve aux USA, LE pays du cocktail. Alors bien sûr, Lake Tahoe, ce n’est pas New York ou la Nouvelle-Orléans, mais c’est justement l’occasion de voir ce que l’Américain moyen a sous la main pour préparer des cocktails, par rapport aux Français.
J’ai profité d’un peu de temps libre pour faire un tour dans une grande surface, notamment au rayon alcool. Je passe rapidement sur le rayon « vin », si on ose l’appeler comme ça : pas vu une seule bouteille de vin français, sauf dans la partie champagne, une bouteille de Moët se battait en duel avec une bouteille de Mumm. Les étiquettes sont laides, le cépage est mis en avant au lieu de l’appelation, la notion de « domaine » est quasi-inexistante … bref c’est la misère.
En revanche, niveau spiritueux, c’est autre chose. Les bourbons tout d’abord (et autres rye whiskeys) sont à l’honneur. C’est normal me direz-vous, puisque ce sont des alcools américains, et vous auriez raison, mais ce n’est pas le sujet. J’ai vu pour la première fois en vrai (et pas dans les vidéos de Jamie Boudreau ou Robert Hess) une bouteille de Maker’s 46. Pareil pour le Bulleit. Jour de fête aujourd’hui sur terre. Du Buffalo Trace à 25 $, le Woodford à 30 … que demande le peuple ?
On trouve bien sûr des bouteilles de Jack Daniel’s dans tous les formats possibles (je n’ose pas imaginer un concert de Booba s’il se ramène avec la bouteille de 3 L), le Jim Beam Rye ou Devil’s Cut, et d’autres marques beaucoup moins recommandables. Bref niveau bourbon : USA 1 – France 0.
Le bourbon c’est bien beau, mais ce n’est que le lointain cousin du whisky, le vrai, l’écossais ! Et là, je peux vous dire tout de suite que les US ne pouvaient pas rivaliser avec les rayons scotch des supermarchés français. Forcément nous sommes le premier pays consommateur de single malt. Égalisation seulement quelques secondes après le premier but, USA 1 – France 1.
J’avance un peu plus dans le rayon, et j’arrive au niveau des rhums. Comme je m’y attendais, impossible de trouver les rhums agricoles qui font la fierté de nos départements d’outremer. Beaucoup de spiced rum (Captain Morgan en force, Sailor Jerry en bouteille king size, Kraken Rum), Myer’s Rum en dark et platinum à un prix beaucoup plus raisonnable que ce qu’on trouve en France, Mount Gay (c’est bien ça) et … et … au mon Dieu … quelle horreur, je ne sais combien de « flavoured » Bacardi, à des parfums toujours plus insolites. Si le rhum prend le chemin de la vodka, je ne réponds plus rien ! Bon le rayon rhum est vraiment différent, difficile de départager, c’est toujours le match nul pour l’instant.
Encore quelques pas, et c’est le tour des gins. Je ne sais pas si vous avez déjà vu le rayon gin d’un supermarché ? Gibson’s, Gordon’s, Bombay Sapphire dans les bons jours et c’est tout. Pas dur de faire mieux, et effectivement, on se prend une grosse branlée : Tanqueray, Tanqueray Rangpur, Hendrick’s (à 30 $ la bouteille !), Beefeater, Bombay Sapphire, Bombay Dry Gin … N’en jetez plus, la coupe est pleine. Les Etats-Unis reprennent l’avantage : USA 2 – France 1.
Niveau Tequila, c’est la même histoire (même s’ils sont un peu avantagé, trop facile d’être voisin avec le Mexique pour avoir de la bonne tequila). Patron, Don Julio, El Jimador … notre pauvre San Jose ne fait pas le poids. USA 3 – France 1.
Je n’ai pas trop envie de parler des vodkas, mais je vais le faire quand même, parce que je suis un mec à la cool. Grosso modo le rayon ressemble au rayon français : flavoured vodkas, flavoured vodkas everywhere ! Exit la Poliakov, Eristoff, Wyborowa, Zu, place à Stoli, Ciroc (promue par P. Diddy, la grande classe) Grey Goose et Ketel One. Match nul.
Dans ma précipitation, je n’ai pas pris de photos des liqueurs, mais là encore, pas grand chose à signaler, blue curaçao, Kahlua, Grand Marnier, Cointreau, et Hpnotiq, la liqueur made in France qu’on ne trouve pas en France (dommage …). Match nul encore et encore. Les Etats-Unis filent vers la victoire, j’en ai bien peur. A part une grossière erreur de leur part, je ne vois pas comment ils pourraient perdre ce match. Et pourtant en matière de cocktail, les USA vont marquer un but contre leur camp, avec ce magnifique rayon intitulé « mixers », et que j’appelerai plutôt « premix dégueu ». Constatez par vous-même :
Gamelle : USA 2 – France 1
Mais le cocktail, ce n’est pas que des liqueurs et des spiritueux, et je ne serai pas contre un jus de citron vert frais. J’ai bien halluciné au rayon fruits et légumes :
Je ne sais pas s’ils ont un employé qui a des TOCs ou si c’est la tradition dans les supermarchés américains, mais il faut reconnaître que ça a de la gueule !
USA 3 – France 1
On termine par l’ingrédient essentiel d’un cocktail (on vous l’a assez répété sur CocktailMolotov !) : la glace. C’est simple, en France, c’est mission impossible de trouver de la glace. Aux US, c’est tout à fait normal d’avoir des sacs de 20 pounds de glace (dans une ville de montagne en plus, c’est pas comme s’ils crevaient de chaud …). Victoire par K-O des Etats-Unis : USA 4 – France 1.
On a encore quelques progrès à faire (doux euphémisme) avant d’atteindre le niveau des Etats-Unis niveau cocktail. Choix, taille des bouteilles, citrons, glace … on est loin derrière. Il y a bien quelques boutiques spécialisées en France qui font mieux que ça, mais là, on parle d’un supermarché, et on y trouve des spiritueux de qualité, que beaucoup de bars en France n’ont même pas. Nous au moins, on a du bon vin.