J’en vois déjà nous reprendre pour ce titre un poil accrocheur ! Bien entendu, cela ne concerne que les distilleries dites « historiques », et non les micro-distilleries récentes qui poussent comme des champignons au-delà même de l’Écosse.
Edradour est donc l’une des plus petites distilleries d’Ecosse. Contrairement aux plus modernes où tout le procédé est intégré dans un même bâtiment « à la chaîne », le procédé de production de l’eau de vie est ici scindé entre plusieurs bâtiments, ce qui lui confère un charme hors du commun. Elle garde un caractère « distillerie à dimension humaine » et accueille en son sein les fûts et bureaux de l’embouteilleur indépendant Signatory Vintage, maintenant propriétaire de la distillerie. Celui-ci stocke tous ses fûts sur site, pour le bonheur des visiteurs qui accèdent aux entrepôts et sont émerveillés devant les fûts s’alignant à perte d’horizon.
Edradour, son histoire, sa vie, notre parcours sous son toit.
Au cœur des Highlands écossaises, aux alentours de Pitlochry, les voyageurs en quête d’histoire et d’Uisge Beatha pourront trouver un havre de tradition et de savoir-faire qui semblerait presque figé en dehors du temps et de l’espace.
Bienvenue à Edradour, distillerie de whisky « familiale » et traditionnelle, mais surtout à dimension humaine.
Visite de la distillerie Edradour
Bien loin des visites convenues, répétitives et sans surprise des distilleries plus imposantes et rachetées par des grands groupes, telles que Lagavulin ou Oban, Edradour cultive son attachement au terroir et le caractère artisanal de sa distillerie. Accueillie par Roy, citoyen britannique arborant pourtant la tunique traditionnelle comme un véritable natif, l’équipe de Cocktail Molotov a donc pu découvrir le sens de l’hospitalité écossaise bien rapidement, avec une dégustation offerte d’Edradour 10 Yo, de Ballechin Bourbon Barrel, ainsi que de la fameuse Cream Liquor.
De quoi se mettre rapidement dans le bain avec un bon aperçu des différentes productions de la distillerie, basées comme de nombreux concurrents locaux sur un malt d’orge tourbé (Ballechin) ou simplement séché (Edradour). La Cream Liquor, quant à elle, se révèle étonnement rafraîchissante, ronde et loin d’être saturée de sucre comme les a priori pourraient laisser imaginer. À 16£ la bouteille, il s’agit donc d’une excellente alternative pour un apéritif frais et original à un pastis mal dosé !
Mais revenons-en à nos moutons. Passé un visionnage de DVD revenant sur l’histoire de la distillerie et les méthodes de production – on dira que c’est de bonne guerre –, de son passé illicite à son installation officielle en 1825, la visite peut commencer. Ici, pas d’interdiction de prendre des photos, et encore moins de corridor parsemé de photos approuvées par quelque Directeur Marketing à Londres : au contraire, une visite au cœur du lieu du travail. À quelques mètres à peine des ouvriers en train de nettoyer les cuves et filtrer la drêche encore tiède, dans une atmosphère chaude et humide aux odeurs caractéristiques de malt, on se laisse bercer par les vapeurs du moût en fermentation à côté des alambics en chauffe. Attention à ne pas trop céder aux sirènes des cuves, nous prévient Roy ; il semblerait en effet que les travailleurs soient las d’aller y récupérer les paires de lunettes de touristes trop gourmandes et étourdies !
Aspects techniques propres à Edradour
Et des choses à dire sur la distillerie, il y en a. Si ce n’est le maltage, qui n’est plus fait manuellement sur place comme auparavant pour des raisons logistiques, l’outillage et les méthodes n’en restent pas moins traditionnels et adaptés à des petites échelles. La cuve de brassage, pour mélanger le malt à l’eau, date ainsi de plus de 110 ans, tandis que le refroidisseur (« Morton Refregirator ») est le dernier de son genre en Écosse – et presque ancestral quand on le compare aux échangeurs thermiques des brasseries artisanales ! L’alambic de seconde passe, et c’est là un sujet de grande fierté pour Roy, est le plus petit du pays, et à l’origine selon lui de la subtilité du whisky « New Make » de la distillerie. Edradour aime aussi mettre en valeur ses « Worm Tubes », qui permettent de condenser les vapeurs d’alcool en les refraîchissant. La distillerie étant située en contrebas d’une rivière d’eau très pure, ceux-ci sont donc directement immergés dans la rivière, qui fournit aussi l’eau servant à réduire le whisky – « faire d’une pierre deux coups » ! Enfin, le coffre à distillat n’a pas bougé d’un iota ces dernières décennies, et ne dispose d’aucun système de contrôle électronique. Tout est laissé à la main du maître de chais et propriétaire, Andrew Symington.
Andrew Symington et Signatory Vintage
Et Andrew est un personnage. Que ce soit par sa carrure, sa disponibilité, ou son histoire de fondateur de Signatory Vintage, l’homme dégage une certaine aura presque malgré lui. La légende raconte même qu’il serait capable de discerner les arômes pernicieux du colorant caramel E150A dans le whisky, mais l’intéressé a refusé de confirmer quoi que ce soit sur le sujet à Cocktail Molotov…
C’est dans les entrepôts de la distillerie que la visite va continuer et toucher à sa fin.
Tandis que les anges se délectent de leur part en notre présence, les inscriptions sur les tonneaux laissent rêver ; et, Signatory Vintage étant un embouteilleur indépendant, on y découvre aussi des fûts venus d’ailleurs.
On ressort de cette visite émus et perplexes. Émus, car les valeurs de la distillerie sont celles que l’on aime voir et sentir : savoir-faire, générosité, tradition. Modérés, car Edradour ne joue pas pour autant dans la cour des grands Talisker, Glendronach ou encore Springbank. Et si les 10 ans d’âge offrent déjà d’intéressantes notes boisées et avinées, ils peinent toutefois à atteindre la subtilité et la profondeur et que l’on peut dénicher sur des gammes similaires ailleurs en Écosse.
Mais à Edradour, on est bon joueur. À l’issue de la visite, le bar de la distillerie vous proposera ainsi des dégustations de flacons incroyables de tous les coins de l’Écosse à des prix défiant toute concurrence. Pour les besoins de la science et par pure générosité envers ses lecteurs, l’équipe de Cocktail Molotov s’y est donc dévouée !
Pour conclure, si votre chemin vous mène dans les Highlands et que vous êtes à la recherche d’une distillerie authentique et plaisante à visiter, Cocktail Molotov vous recommande chaudement Edradour. Les plus sceptiques garderont aussi en tête que le simple bar de la distillerie sera de nature à pleinement rentabiliser le temps et l’essence nécessaires à cette escapade – certains diraient même : le voyage. Et n’oubliez pas de demander Roy : quoi de plus plaisant que de découvrir un haut lieu de la culture écossaise par le prisme de l’humour british ?
Infos complémentaires
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