On accueille encore un petit nouveau sur CocktailMolotov : Baptiste Bochet qui va nous parler de spiritueux « neat », alors qu’on a surtout tendance à les mélanger ici. Si vous êtes curieux sur le sujet, il sera ravi de vous parler aussi de sa nouvelle passion : le café. Je suis sûr qu’il y a des amateurs parmi nos lecteurs.
C’est par un lundi brumeux du mois de février dernier que j’ai découvert Astor Wines & Spirits situé à New-York. Un séjour de 3 jours à NY c’est court, et pour aller chercher son poison, il faut faire quelques concessions ! See ya next year Statue of Liberty ! En bon amateur de spiritueux, j’étais obligé de passer par un des cavistes NY pour aller chercher quelques flacons de l’emblème national (on me souffle qu’il a été remplacé par la vodka aromatisée depuis un certain temps) des USA.
M’étant renseigné au préalable sur les meilleurs tarifs disponibles pour du bourbon sur New York, et sur les meilleurs bourbons pas cher (so long Papa van Winkle, de toute façon introuvable), j’avais fait une liste de quelques produits sympathiques. Je m’étais également renseigné sur la quantité d’alcool qu’il est possible de rapporter avec soi hors UE. 1L par personne, ça ne fait pas bien lourd… Autant ne pas prendre de risques, tant pis, ce sera une bouteille par tête.
Astor Wines & Spirits, un supermarché destiné à la picole, la démesure américaine dans toute sa splendeur (à défaut d’aller voir le store M&Ms, je me devais d’aller voir ça). La boutique allait fermer, je me précipite vers le stand bourbon après avoir jeté un coup d’œil aux Ecossais, pas intéressants à mon sens, trop chers aux US. Je retrouve alors 4 bouteilles que j’avais repérées, et me présente face à un choix cornélien… seulement 2 sur 4 finiront dans ma valise (et probablement aucune en bon état chez moi, merci aéroports de Paris !). Incapable de choisir, je demande l’aide d’un vendeur dans un anglais approximatif « excouse mi sœur, I canne only chouse 2 botteules out of these 4 ». Le sympathique ricain m’indique l’Eagle Rare 10 (valeur sûre) et le fameux Hirsch Selection Small Batch Reserve, à l’heure actuelle plus disponible chez Astor, et pas importé en France… C’est vous dire que j’ai les larmes aux yeux en écrivant cet article étant donné qu’il m’en reste désormais qu’un fond….
C’est pour cela que j’ai décidé d’écrire mon premier article sur celui-ci, pour lui rendre hommage, et le finir avec vous.
Petite parenthèse : je regrette de ne pas avoir dévalisé le magasin de ses bouteilles de Rittenhouse 100 proof, 19 € là-bas, le double en France…
Pour commencer, retournons sur la page Astor, produit non disponible… okay. Suivi de « AN INCREDIBLE STEAL » Paul Pacult’s Spirit Journal. So who’s Paul Pacult ? Un célèbre dégustateur de spiritueux de l’autre côté de l’Atlantique, qui, au cours de sa carrière, en a testé plus de 20 000. Il est l’auteur d’un livre appelé « Kindred Spirits 2 » dans lequel il donne des notes de dégustation allant de 1 à 5 étoiles à plus de 2 400 spiriteux.
Les précédents bourbons que j’ai pu tester m’ont laissé jusque-là plutôt perplexe (j’ai dû en tester 5 à tout casser), je suis plutôt du type Islay, bien tourbé, racé, puissant.
Regardons la bouteille de plus près : pas d’âge mentionné, il titre 46 % (sur le site de la distillerie il est précisé que le spiritueux est composé de whiskies vieux de 4 à 6 ans). A l’arrière un paragraphe classique disant à quel point l’acheteur est chanceux d’avoir mis la main sur cette bouteille car les stocks sont minces… Ce Réserve spéciale est un assemblage de whiskies de fût unique.
Ouverture de la bouteille : le fameux « Plomp » du bouchon qu’on retire, qui doit faire frissonner pas mal d’entre nous à chaque fois.
Dégustation :
La couleur : ambre, jolie couleur, n’est pas précisé s’il y a eu adjonction de caramel.
Au nez : tout de suite l’odeur de bourbon que l’on peut reconnaitre parmi 10 whiskies de provenance différente. Au nez, une certaine fraîcheur cependant avec des odeurs de fruits frais
En bouche : un côté épicé, vif, le nez et le titrage de la bouteille laissaient présager ce côté-là. Puis on sent des fruits secs, je décèle également des notes de violette.
La finale : une finale douce, soyeuse, longue et agréable en bouche
Note : 4 sur 5 : un excellent rapport Q/P (autour de 30 $), manque d’arômes plus subtils peut-être, le côté jeune se ressent vraiment.
J’avais pensé finir la bouteille en me préparant un old fashioned, cocktail de référence pour les bourbons. Mais je vais plutôt préparer le terrain en testant l’accompagnement d’un verre avec un expresso d’un certain type.
Actuellement, je tourne au Malabar moussonné AA de chez Cataldi (réputé pour la qualité de ses grains et la fraicheur de ses torréfactions), que je broie avec un moulin Nuova Simonelli Grinta, et j’extrais ensuite cette mouture avec une Nuova Simonelli Oscar.
Les paramètres à prendre en compte sont plutôt simples pour l’expresso : 25 secondes d’extraction pour 25ml, 50ml dans le cas d’un double. Ici, ça sera un double.
Vous obtenez un expresso qui, s’il est bien réalisé (le coup de main du barista est de rigueur, il faut un certain temps de pratique) est à des années lumières des Nespresso et autre Senseo. La force et la palette aromatique de l’expresso seront décuplées (on y reviendra, mais forcement quand vous tirez un expresso avec 20gr de grain au lieu de 5gr comme dans les capsules nespresso…).
Les deux se complètent bien, en bouche les arômes de fèves de cacao du café se mêlent bien aux fruits secs du whisky. La finale est d’une longueur exceptionnelle, la douceur des deux se mêle pour s’étendre sur plusieurs minutes.
En conclusion je dirai qu’il s’agit d’un bourbon authentique et sympathique qui vaut la peine d’être gouté au détour d’un bar lors d’un passage aux USA.