Nous avons la chance en France d’avoir beaucoup de choix en matière de rhums des Antilles françaises, plusieurs dizaines de références à notre disposition provenant de Martinique, Guadeloupe ou encore de la Réunion.
Cependant les autres territoires français ne sont pas en reste comme nous allons le voir avec Toucan.
Nous avons eu le plaisir de rencontrer les frères Arnold lors du dernier Rhum Fest, oui je sais… les mauvaises langues diront que cela date de 3 mois, cependant il n’est pas trop tard pour écrire un article sur cette belle histoire.
Le commencement
Les deux frères ont suivi leurs parents qui ont tout quitté pour aller travailler en Guyane française, de 1992 à 1998, la famille vit sur le territoire. Ils découvrent là bas la rhumerie St Maurice, seule survivante de l’industrie du rhum en Guyane, qui est tenue par Ernest Prévot. L’idée d’importer et de présenter le rhum issu de cette rhumerie de Guyane française mûrit durant le retour en France. Jusqu’alors, la production de rhum était destinée aux locaux. Presque chaque année les produits de la rhumerie raflent les médailles du concours agricole de paris, attestant de leurs qualités gustatives.
Pourquoi avoir choisi le toucan comme emblème de la marque ?
Le toucan est l’animal qui représente le mieux la Guyane et renforce ce côté presque sauvage du produit.
Que dire sur la production de ce rhum de Guyane française ?
Seulement 2% du territoire de Guyane française est utilisé par les habitations, ce qui laisse le champ libre à la végétation dont la croissance est très forte.
La canne provient de là bas, elle bénéficie d’un climat idéal pour sa croissance puisqu’il s’agit de la rhumerie la plus équatoriale de toutes les rhumeries.
La température moyenne est de 28°C avec une humidité atteignant les 80%.
La canne à sucre est utilisée moins de 24h après la coupe, ce qui permet d’éviter une fermentation naturelle peu souhaitable si l’on cherche un rhum très droit en bouche avec des arômes maîtrisés.
La distillation du rhum se fait à la rhumerie St Maurice et utilise un processus de distillation par colonne continue, technique utilisée pour l’armagnac. Le rhum sort à 70°, puis est réduit à la convenance avant d’être mis en bouteille.
Pour les frères Arnold et Toucan le choix a été fait d’effectuer la réduction sur le lieu d’embouteillage de rhum qui se situe à Agen, dans le sud de la France. Le rhum arrive par containers, provenant de la rhumerie St Maurice, chargés de 1000L de rhum non réduit puis la réduction est faite progressivement afin de préserver les arômes, enfin le rhum blanc est embouteillé à 50°.
Les stats
En 2012 la rhumerie produit l’équivalent de 500 000 bouteilles dont 98% pour la Guyane et 2% pour la France.
Toucan dispose désormais d’un contingent de 90 000 bouteilles, ce qui laisse une belle marge de croissance.
En 2014, Ernest Prevot investit 11M€ pour mettre la distillerie en conformité avec la norme CE et augmenter sa capacité de production pour atteindre une production de 1,2M bouteilles, soit plus du double.
Les rhums Toucan
Commençons par le blanc, que nous avons eu le plaisir de déguster pur et en Ti Punch.
Au nez, une odeur de canne à sucre très forte ainsi que des zestes d’orange
En bouche, les arômes d’agrumes sont également très présents, on trouve aussi des fruits exotiques, de la mangue bien mure, une certaine suavité.
La finale est tonique, longue et épicée.
Extrêmement plaisant à boire, pur, à température ambiante.
On vous rappelle la recette du Ti Punch pour lequel le rhum Toucan sied à merveille.
- 7 volumes de rhum
- 1 volume de sucre roux ou de sirop de sucre roux (50% de sucre roux, 50% d’eau)
- 1 petit morceau de citron vert que l’on prendra soin de presser du bout de ses doigts et de mettre dans le verre
Sans glace bien sur.
L’important est de ne pas abuser du sucre ou du citron vert, le Ti Punch sert à exprimer et à faire ressortir les arômes d’un bon rhum.
Passons au Vaniliane:
Ce rhum présente la particularité d’avoir une gousse de vanille à l’intérieur de la bouteille. Celle-ci est mise juste avant embouteillage et baigne dans du rhum réduit à 45° cette fois-ci.
Il n’y a pas d’ajout de sucre et c’est tant mieux !
Lors de la dégustation nous trouvons des arômes puissants de vanille ainsi qu’un petit gout sucré apporté par la gousse.
Pour finir, le Boco sur lequel nous ne nous étendrons pas, celui-ci étant encore en perfectionnement
Boco est le nom de l’ébène guyanaise.
La préparation est réalisée en collaboration étroite avec Marc Lary, œnologue en armagnac.
Je le trouve boisé, mais trop doux à mon gout, avec des notes de torréfaction plaisantes.
Il titre 40°.
A suivre de près !
Les frères Arnold n’oublient pas le monde du cocktail puisqu’ils travaillent avec le barman Alex Drago pour l’élaboration de boissons mettant en valeur leurs rhums.