Attention, je vous vois venir… le « bas » signifie ici un degré alcoolique moindre par rapport aux cocktails (quoique pas toujours vrai) et aux spiritueux (encore raté !)
La bière, a trop longtemps été victime d’une image dénigrante envers ses consommateurs, les faisant trop souvent passer pour des gens manquant de raffinement. CocktailMolotov sent qu’elle va être actrice principale du domaine de la boisson alcoolisée pour la prochaine décennie en territoire hexagonal. Pourquoi ?
Tout d’abord puisque sur certaines tendances food-drink, nous avons, je pense, jusqu’à une à deux décennies de retard par rapport aux anglo-saxons ou à certains pays d’Europe… Non pas que ce soit une mauvaise chose, beaucoup d’entre nous sommes au fait des dérives d’une homogénéisation de ce pan culturel propre à chaque civilisation (que je surnommerai la « burgueurisation », no offence Mr. Burger, je vous adore). La montée en puissance et en visibilité de la micro brasserie en France « ne fait que commencer » contrairement à d’autres pays comme les USA ou encore le Canada où cette micro brasserie est entrée dans les mœurs depuis plusieurs décennies voire siècles. Fort heureusement de plus en plus de français sont sensibles à la démarche de produits locaux de qualité, dans cette démarche s’inscrivent bien entendu les micro-brasseurs.
Mais là n’est pas une raison majeure car je pense que le paysage actuel des buveurs de bière français se moque éperdument des tendances américaines, il s’intéresse simplement à ce qui se fait outre atlantique mais également en Europe, là où les brasseurs redoublent de créativité. Les français sont fiers d’être reconnus comme étant un peuple ayant du gout pour tout ce qui est cuisine et boisson, et fort heureusement, ça ne s’arrête pas au pinard ! (seconde provoc’)
La richesse et la diversité se trouvent bien évidemment aussi dans la bière et c’est ce qu’essayent de nous montrer Franck Poncelet et Philippe Jugé, organisateurs du salon, une nouvelle fois lors de cette seconde édition de Planète bière, salon consacré à cette boisson faite à base de céréales. Ici, personne n’est mis de côté, les grands (en taille) côtoient les petits, les japonais côtoient les américains et les hollandais, les italiens boivent des pintes avec les belges. Tout ça dans une atmosphère détendue coté tireuse comme côté visiteur.
On vous guide et on vous dit quoi vous procurer dans votre cave à bières la plus proche.
Hitachino Nest Beer:
Marque lancée en 1996 par le brasseur japonais Kiuchi, la bière qui nous a fait la plus forte impression est très certainement la Red Rice (ou bien Led Lice ? ;)) Ale, titrant 7°. A fond sur la fraise des bois, aucun doute qu’elle pointera le bout de son nez dans vos frigos à l’approche des beaux jours. Leur espresso stout est onctueuse et reste désaltérante également !
Passons à Rogue, brasseur américain.
Je ne connaissais que leur IPA, que l’on peut se procurer assez facilement. Rogue m’a surpris par tant de créativité (on aime ou pas) dans ses recettes. Comment ne pas mentionner la Voodoo Doughnut Mango Astronaut Ale. Infusée à la mangue fraîche, l’impression de boire un bonbon acidulé avec ce côté mangue fraîche, déroutant, à tel point qu’on se met à douter que c’est réellement de la bière !
Passons à la Hazelnuts roasted, qui, comme son nom l’indique, a une forte odeur de noisettes toastées! Cependant la bière est bien équilibrée et la noisette ne se fait pas « trop » présente.
On passe chez De Molen, brasseur hollandais.
L’une de mes brasseries préférées, chacune de leur bière a son style qui lui est propre et les recettes sont très travaillées. L’équipe accueille par ailleurs chaque année des dizaines de brasseurs de tout le continent pour un festival géant qui a lieu en septembre.
De la houblonnée bien amère et pas trop forte en alcool Op & Top, à la Rasputin, imperial stout, on passera par la Amarillo, Double IPA, dont la teneur en alcool s’équilibre avec l’amertume maîtrisée et le côté céréalier plus présent que sur la Op & Top.
On fait une courte pause pour foncer à la conf’ de Garrett Oliver, maître brasseur de la « Brooklyn Brewery« , qui inonde les continents avec sa bière de bonne facture.
Garrett, détendu, nous resitue dans le contexte agro-alimentaire américain sur 1 siècle et demi en commençant en 1880. New York, très cosmopolite à l’époque et n’ayant pas encore succombé à la standardisation du gout, disposait d’une grande variété de nourriture et de boisson grâce aux populations de dizaines de pays différents ayant établi logement dans la grosse pomme.
Avant la prohibition (1919), on dénombrait 48 brasseurs de bière à Brooklyn, après le passage de cette fameuse loi Volstead et de la standardisation des goûts, nous arrivons 60 ans plus tard en 1980, avec 1 type de bière, celle appelée « Yellow Fizzy » par Garrett Oliver, partagée par 3 ou 4 marques (Bud, Cooler…).
Garrett assure que cette époque est révolue et que maintenant, dans New York, tous les bars ont au moins 15 futs à la pression. En France on attend cela avec impatience !
Après ça on goutte les fameuses Ghost Bottles, aux noms rappelant des pseudos opérations secrètes ayant pu exister à l’autre bout de notre continent ou dans Call of Duty ! D’ailleurs une de leur bière s’appelle Black Ops !
Il est bien gentil de nous faire goûter ses super bières le père Garrett, mais où peut-on les trouver ? Nulle part, c’est dédié au staff, interdit à la revente…
On se console donc chez Baladin, brasseur Italien avec la NationAle, une Ale bien céréalière, légère en bouche. Puis avec le Xyauyù, qui est un Barley Wine, plusieurs fois primé, vieilli 1 an et demi en cuves en acier et 6 mois en fûts de chêne.
On termine par la marque Frog Beer, lancée par Frog Pubs, au nombre de 9 dont 7 sur Paris, la référence du « brewpub » (comprendre pub qui brasse sa bière dans ses locaux) en France avec comme autre chaîne « les 3 brasseurs ».
Pour être honnête, je n’avais pas été convaincu par leur bière lors de mon premier passage il y a de ça 1 an et demi, la bière était bonne mais pas impressionnante. Bilan en 2016: Bluffant !
L’équipe Frog a installé un labo sur St Denis pour travailler leurs recettes et lancer la commercialisation de bières bouteilles. CocktailMolotov, en grand professionnel, a souhaité tout goûter avant quitter le salon. Leurs bières sont suffisamment légères et rafraîchissantes pour étancher la soif mais ont toutes beaucoup de gout et de complexité. Une vraie réussite.
Un bilan très positif donc, la bonne bière a un prix, et c’est probablement le combat le plus difficile à mener pour les brasseurs et distributeurs, mais si comme nous, il vous arrive de faire confiance aux chiffres de vente annuels, vous saurez que la bière qui a du gout n’est pas prête d’arrêter sa croissance !
Credit photo : Eric Pérez